Pour Moody's, il est « improbable » que la France passe sous les 3 % d'ici 2027




Le 29 Mars 2024, par Aurélien Delacroix

L'agence de notation Moody's exprime ses réserves quant à la capacité de la France de respecter ses engagements budgétaires. Une analyse récente souligne plusieurs défis auxquels le gouvernement français doit faire face pour redresser sa situation financière.


Les perspectives sombres de Moody's

L’agence de notation financière Moody’s a publié un communiqué cette semaine, exprimant ses doutes sur la possibilité pour la France de réaliser son objectif de réduction du déficit public à 2,7 % du PIB d’ici à 2027, tel que projeté par le gouvernement dans son plan budgétaire à moyen terme dévoilé en septembre dernier. 

Cette annonce fait suite à la publication des données par l'Insee, qui a révélé un déficit public de 5,5 % du PIB pour l’année 2023, significativement au-dessus des prévisions de 4,9 % établies par Bercy pour la loi de finances 2024.

L'analyse de Moody's met en lumière plusieurs points de friction dans la stratégie budgétaire française. Premièrement, l'agence considère que les 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires prévues pour 2024 sont insuffisantes pour réaligner la France sur la trajectoire budgétaire escomptée. De plus, Moody’s remet en question la faisabilité de l’objectif du gouvernement de réduire le déficit à 4,4 % dès cette année, notant que par le passé, une réduction d'un point de pourcentage du déficit en l'espace d'un an, sans circonstances exceptionnelles, n'a été réalisée qu'une seule fois depuis l'an 2000.

La détermination de Bercy suffira-t-elle ?

En outre, l'agence de notation projette une remontée lente du niveau de la dette publique française à partir de 2024, ce qui exposerait le pays à des coûts d'intérêt jamais vus depuis plus de deux décennies. Cette situation, combinée à un déficit plus important que prévu pour 2023, illustre les risques associés à la stratégie budgétaire à moyen terme du gouvernement, fondée sur des hypothèses économiques et des prévisions de recettes jugées optimistes, ainsi que sur des réductions de dépenses sans précédent.

Face à ces observations, Bruno Le Maire a réitéré sa détermination à réduire le déficit public en-dessous de 3% d'ici 2027. Toutefois, l'analyse de Moody’s suggère que le chemin vers cet objectif est semé d'embûches, principalement en raison de recettes plus faibles que prévu et des défis inhérents à la mise en œuvre d'une stratégie budgétaire ambitieuse dans un contexte économique mondial incertain.